• Devenir auxiliaire de vie

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    Publication n° 657 du 13 mars 2003

    Thèmes : Formation.

    Devenir auxiliaire de vie par la validation de l’expérience

    « Toute personne engagée dans la vie active est en droit de faire valider les acquis de son expérience, notamment professionnelle, en vue de l’acquisition d’un diplôme, d’un titre à finalité professionnelle ou d’un certificat de qualification », stipule la loi de modernisation sociale.. Pour la première fois, la validation des acquis de l’expérience permet l’émergence de nouveaux professionnels dans notre secteur. S’appliquant aujourd’hui aux professions de l’aide à domicile, elle concernera d’ici peu les éducateurs. Une mini révolution dans le travail social

    La loi du 17 janvier 2002 dite de modernisation sociale pose le principe du droit individuel à la reconnaissance de l’expérience pour l’acquisition d’un diplôme ou d’un titre professionnel. Le droit à la validation des acquis de l’expérience (VAE) concerne toute personne — quel que soit son statut — dès lors qu’elle remplit les conditions de recevabilité du diplôme sollicité. Le 30 janvier 2003, une circulaire de la direction générale de l’action sociale (DGAS) [1] mettait en place la procédure de validation des acquis de l’expérience pour le diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale (DEAVS), lui-même successeur depuis mars 2002 du certificat d’aptitude aux fonctions d’aide à domicile (CAFAD). Avec l’objectif annoncé de développer dans ce secteur, qui en a bien besoin, des emplois qualifiés autour d’un diplôme de référence de niveau V. La démarche s’inscrit dans une logique de valorisation des personnes par la reconnaissance de leurs compétences. Logique prévalant d’ailleurs déjà dans d’autres secteurs professionnels… Dans cette rubrique de l’aide à domicile, il est indéniable que l’urgence se fait sentir : l’accompagnement de la mise en place de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) correspond à une véritable nécessité (lire le point de vue de Christine Bon).
    Pratiquement, comment cela se passe-t-il ? Un candidat justifiant de 3000 heures sur trois ans au moins dans l’exercice d’une activité salariée ou bénévole — en rapport bien sûr avec le diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale — peut demander à bénéficier de cette procédure. Le cumul de plusieurs certificats de compétences professionnelles, dans un délai de cinq ans, permet d’obtenir un titre professionnel. En fin de parcours, la validation reposera sur une mise en situation professionnelle devant des évaluateurs. La délivrance du titre professionnel est précédée d’un entretien avec le jury professionnel du titre. Vingt-huit personnes avaient déjà vu — grande première dans le secteur — valider leurs acquis de l’expérience en juillet 2002, par l’obtention du DEAVS. La durée des stages est établie sur une base horaire : 420 heures pour le stage professionnel et 140 heures pour le stage « de découverte » ; celui-ci doit comporter au moins soixante-dix heures dans un module intitulé « connaissance des publics » et au moins trente-cinq heures dans celui dénommé ergonomie.

    Remis par le candidat à la DRASS, le livret comprend d’une part le récapitulatif des activités du candidat — évaluées en fonction d’un référentiel d’activités du métier d’auxiliaire de vie sociale —, et de l’autre une partie visant à repérer ses compétences comprenant, elle, un certain nombre d’indicateurs. Des exemples concrets doivent être fournis, qui pourront servir de base à l’entretien avec le jury.
    Le candidat peut étayer son dossier d’éléments d’information pertinents pour permettre au jury d’apprécier la réalité de ses compétences acquises : attestation d’employeur ou du responsable de la structure dans laquelle il a exercé quelque activité, résultat d’entretien d’évaluation, attestation de formation, bilan de compétences ou encore résultat de questionnaire de satisfaction des usagers dans le cadre d’une démarche qualité, etc.
    Après examen du livret, le jury s’entretient avec le candidat et décide de l’attribution totale ou partielle du DEAVS. Entretien nécessité par « la validation des compétences particulières liées à la spécificité des diplômes en travail social et nécessaire à ce type de métier exercé auprès de personnes fragiles ». La décision de validation du jury ne pourra pas faire l’objet de recours. En cas de validation partielle, le candidat pourra faire valider les compétences qui lui manquent soit par VAE, soit par le passage des épreuves du diplôme dans un centre de formation agréé. Pour permettre la rentrée scolaire, en septembre prochain, des candidats qui n’auraient pas validé la totalité du diplôme, un calendrier a été fixé : remise des demandes à la DRASS avant le 28 février ; au mois de mars, instruction et notification des décisions ; du mois d’avril au 15 juin, phase de préparation pour les candidats ; 15 juin, date limite de dépôt des livrets de présentation des acquis de l’expérience. Le jury VAE se réunira début juillet 2003. Par la suite, les DRASS organiseront une à deux sessions de jury par an.

    Plus de trois millions et demi de foyers font aujourd’hui appel à des professionnels pour accomplir à leur place, ou en accompagnement, des tâches de la vie quotidienne : entretien de la maison, aide à la personne — enfants, personnes âgées, malades ou dépendantes — et soins à domicile. Les métiers d’aide à la personne peuvent être lourds psychologiquement parce qu’exercés auprès de personnes handicapées ou fragiles. L’assistant (e) de vie (ADV) apporte, selon les termes mêmes du ministère, une aide professionnalisée aux personnes, sur leur lieu de vie privée, pour accomplir avec elles les actes essentiels de la vie quotidienne ou pour relayer les parents dans la garde « active » des enfants. D’une manière générale, « l’emploi se caractérise par l’importance de son aspect relationnel qui prend sens à travers des activités très concrètes de la vie quotidienne ». Titre de niveau V, il se compose de quatre certificats de compétences professionnelles (CCP) : assister une personne dépendante ou âgée sur son lieu de vie privé ; assurer la garde active des enfants et des bébés à leur domicile ; entretenir le logement et le linge au domicile d’un particulier ; préparer un repas et faire les courses. Sur une durée maximale de cinq ans, l’acquisition des quatre CCP permettra d’obtenir le titre d’assistant (e) de vie, après confirmation, suite à l’entretien avec un jury de professionnels, que l’intéressé (e) appréhende bien la qualification dans sa globalité.
    Pour obtenir le CCP 1 (module de 399 heures), l’ADV saura aider une personne dépendante pour sa toilette, ses repas, ses déplacements… Pour le CCP 2 (343 heures), il ou elle pourra s’occuper des enfants ou des bébés — biberons, repas, hygiène — et animer des activités. Le CCP 3 (203 heures) s’intéresse aux travaux d’entretien : nettoyage, rangement, lavage, repassage, entretien du linge. Le CCP 4 (252 heures, dont 35 en entreprise) sera obtenu si l’ADV est compétent pour préparer un repas et faire les courses pour une ou plusieurs personnes. La mise en situation de travail pour chaque CCP dure de deux heures (CCP 4) à trois heures (CCP 1). Le jury appréciera donc les compétences mises en œuvre selon des critères attendus dans une situation professionnelle définie.

    Le département du Val-d’Oise, par exemple, souffre d’une pénurie de personnel qualifié pour la prise en charge de personnes âgées ou dépendantes. Le site de formation de l’Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) de Saint-Ouen-l’Aumône forme ainsi, en pleine zone industrielle, des assistant(e)s de vie. Le centre forme également d’autres stagiaires VAE dans des domaines totalement différents, tels la mécanique auto, la maintenance d’équipements ou l’électroménager. Ainsi, en fin d’année dernière, une dizaine de salariées de la Croix-Rouge du département — jusqu’alors aides-ménagères — ont-elles commencé à passer leurs différents CCP, en vue du titre qu’elles devraient obtenir en juin prochain. Leur formation porte essentiellement sur l’importance de l’aspect relationnel et de l’écoute. Elles devraient ensuite réintégrer leur association d’origine avec une rémunération supérieure (ce qui malheureusement ne sera pas toujours le cas).
    Dans le même département, dans les locaux d’une maison de retraite, l’association APAC-FORM (Activation et professionnalisation animation citoyenne – formation – orientation – réinsertion – multimétiers) s’adresse de la même manière à des personnes intéressées par l’aide à domicile, sans qualification précise mais ayant déjà travaillé dans la puériculture. Son responsable, Walid Chekour, nous fait visiter l’appartement témoin, support pédagogique des cours dispensés. Une chambre médicalisée avec cannes anglaises et déambulateur permet d’approfondir les règles concernant l’hygiène, l’entretien d’un lit ou le transport de la personne. Les pièces se succèdent, plus pédagogiques les unes que les autres : le living, la chambre des enfants, celle des parents, la salle de bains et les toilettes permettent aux stagiaires d’appréhender les règles de sécurité, d’hygiène, les conseils de nettoyage, etc. L’utilisation des sèche et lave-linge, de la planche à repasser et d’une machine à coudre sont également au programme. La lingerie de l’endroit accueille les futurs assistant (e) s de vie pour ne rien ignorer du tri, des programmes, des dangers du contact avec l’eau de javel, etc. Nous arrivons jusque dans la cuisine, dans laquelle un groupe de femmes prépare assez gaiement, avec Rémi, leur formateur, des tomates monégasques et de la blanquette [2]. Cette année, 800 000 personnes devraient bénéficier de l’APA. Qui plus est, la dépendance liée à l’âge ne peut que se développer dans les années qui viennent. Les assistant (e) s et auxiliaires de vie sont, d’une certaine manière, en première ligne. Une « filière d’excellence », comme l’avait laissé entendre Luc Ferry, le ministre de l’Éducation ?
    La VAE va constituer une voie de plus en plus prisée dans le secteur de l’aide à domicile. Et dans les autres secteurs du travail social ? Une Commission professionnelle consultative du travail social et de l’intervention sociale avait été créée l’année dernière. Les travaux préparatoires à la mise en œuvre de la VAE pour le diplôme d’État d’éducateur spécialisé doivent prochainement — dans le courant de l’année en tout cas, probablement au mois de juin — permettre l’ouverture des premières sessions. Ensuite, les autres diplômes en travail social seront progressivement ouverts à la VAE, le ministère se réservant d’être vigilant « afin que cette novation dans la manière d’accéder au diplôme préserve la qualité et le niveau des compétences des professionnels qui seront ainsi diplômés ». En bref, pas de diplôme au rabais.

    Joël Plantet

    [1] Circulaire DGAS/ATTS/4A n°2003-46

    [2] Association des Assistantes de vie du Val-d’Oise. Contact : Madame Florence Dehaynin. Tél. 01 34 48 15 99

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